Il y a celles qui suivent la tendance pour plaire à toutes. Au final, elles ne séduisent personne. Il y a heureusement les autres. Kym Ellery fait partie de cette trempe là : entière, authentique, dans l’émotion de l’instant, dans une quête de sa vérité. Sa collection pour le Printemps/Été 2015 est comme un nuage qui passe dans le ciel, onctueux, suave et surprenant car au quart de tour, il peut se charger en électricité et muer en une force de la nature.
Tanami
L’Australienne Kym Ellery a un regard profond qui reflète la beauté de son âme. Ce clin d’oeil ne trompe pas surtout quand vous le croisez à la fin d’un show qui a transmis une émotion au public présent sous le pont Alexandre III. Un sas de décompression nous fait passer de la lumière du jour à la nuit la plus intense. Là, des danseurs et des danseuses se contorsionnent comme un voile d’organza se plisserait sous une vapeur brûlante. Ce souffle et cette moiteur se ressentent surement lorsque nous traversons le désert de Tanami.
Introspection
La jeune femme a étudié à la célèbre Central Saint Martins. Elle y a appris un sens des matières associées dans la justesse et une vision de la coupe et des volumes. Londres est aussi une ville qui a plongé Kim en introspection… Une recherche personnelle. Inutile de vous rappeler qu’elle a été finaliste des Quantas Youth Awards en 2008 et qu’elle a aussi remporté le prix de créatrice de l’année au Woolmark Award de 2010.
Kim sait mettre en scène ses collections. Une boîte noire comme une camera obscura révèle donc, une à une, les silhouettes de ce prochain été. La gamme de couleurs est australe entre ciel et terre, entre désert et mer. La ligne nouvelle est comme une gueule de loup, une fleur à la longue tige qui danse avec sa clochette. Nous avons aussi envie de tomber dans la gueule du loup où des looks associent la transparence d’une guipure avec des étoffes plus mates, des satins liquides, des milanos glacés.
Comme un croquis sur le vif
Le corps est étiré et la silhouette globale s’atténue pour inviter à une nonchalance. Une veste prend l’emmanchure alors que l’autre se noue. Ses pantalons sont comme des croquis à la jambe disproportionnée car la taille remontée de quelques centimètres est cachée par un top en dentelle aranéide sur un maillot en tweed printannier. La volute reste vigoureuse. Elle invite des vestes à prendre une fermeture portefeuille nuageuse. Dans cette humeur faussement monastique, le pantalon avance avec un grand chemisier, la robe sans manches assez longue donne une nouvelle cadence. En faisant un focus sur les hanches, Kim dessine une silhouette tourbillonnante et subtile.
Source : Lefashionpost.com by William Arlotti